14230 14230 14230 14230 Décryptage : mieux comprendre l’absentéisme des jeunes salariés Ces dernières années témoignent d’une transformation rapide du monde du travail et du rapport au travail : nouvelles organisations, travail hybride, quête de sens… autant de questionnements qui traversent aujourd’hui les entreprises et interrogent les salariés. Ces bouleversements, accélérés depuis la crise du Covid-19, ne se sont pas faits sans heurts. C’est ce que révèle notre édition 2025 du Baromètre Absentéisme. Avec 42 % des salariés s’étant vu prescrire au moins un arrêt maladie en 2024, un chiffre stable depuis 2023, le taux d’absentéisme reste élevé. Surtout, la santé mentale devient un sujet majeur en entreprise, en se hissant au deuxième rang des motifs d’arrêt les plus cités. Absentéisme et santé mentale : deux sujets qui touchent plus particulièrement les salariés de moins de 30 ans. Un phénomène que nous avons interrogé et mis en perspective grâce à nos précédentes éditions du Baromètre Absentéisme et à l’édition 2025 du Baromètre Santé des Salariés. Mis à jour le 05.06.2025 Email Twitter Linkedin Facebook Anne-Sophie Godon-Rensonnet est Directrice des services et du département études et recherches sur la performance sociale des entreprises chez Malakoff Humanis. Elle construit et déploie une stratégie de services répondant aux enjeux des clients du Groupe – entreprises, salariés et branches professionnelles – Elle est par ailleurs professeure associée au Cnam. Que nous apprend cette édition 2025 du Baromètre sur l’absentéisme des salariés de moins de 30 ans ? Historiquement, et depuis le lancement du Baromètre Absentéisme en 2016, l’absentéisme est plus marqué chez les jeunes de moins de 30 ans que chez le reste des salariés. En effet, l’entrée dans la vie active peut s’avérer être une étape difficile, un virage complexe à manœuvrer pour celles et ceux qui y sont peu préparés ou mal accompagnés. Les moins de 30 ans sont aussi moins nombreux à encadrer une équipe — une responsabilité qui constitue souvent un frein à l’absence. Cela ne suffit toutefois pas à expliquer ce que nous observons cette année : un phénomène qui s’accentue et un écart qui se creuse avec les autres générations. En 2024, 49 % des jeunes actifs ont eu au moins un arrêt maladie prescrit, soit +3 points en un an, alors que ce taux reste stable pour l’ensemble des salariés. Avec des arrêts souvent plus courts, mais aussi des demandes plus fréquentes, les jeunes ont un rapport plus décomplexé à l’arrêt de travail. Cependant, ce qui est parfois interprété comme le signe d’un désengagement total illustre surtout un nouveau rapport à la prise en charge de leur santé. Quel rôle joue la santé mentale dans ces arrêts ? Un rôle de plus en plus important, mais ce n’est pas le seul motif d’arrêt. Les maladies ordinaires restent le premier motif d’arrêt des jeunes salariés. Sur le sujet de la santé mentale, près d'un quart des salariés de moins de 30 ans ont eu au moins un arrêt lié à des troubles psychologiques, un chiffre en hausse de +6 points depuis 2019. Dans un monde qui voit se succéder les crises qu’elles soient sanitaires, économiques, politiques, écologiques ou géopolitiques, il est normal que le monde du travail n’y soit pas totalement hermétique. Le secteur professionnel est également pourvoyeur de stress pour les jeunes salariés dont deux tiers estiment avoir un emploi stressant et plus d’un sur deux se déclare épuisé. Ils sont cependant lucides sur les freins que cela constitue pour eux dans leur travail puisqu’ils sont plus d’un quart à avoir demandé un arrêt maladie, en raison d’un état psychologique ne leur permettant pas de travailler. Peut-on pour autant lire dans ces chiffres un rejet du monde du travail ? Non, au contraire. Loin de se détourner du travail, les jeunes y sont profondément attachés. Et c’est tout l’intérêt de pouvoir venir éclairer les données de notre Baromètre Absentéisme avec celles de notre Baromètre Santé des Salariés où nous questionnons largement l’engagement des salariés. On lit dans les chiffres un attachement au monde de l’entreprise et avant tout à celui des relations avec les autres : 79 % d’entre eux saluent l’ambiance dans leur entreprise et autant saluent le climat de confiance entre collaborateurs. On note aussi une envie de progresser, de s’améliorer. Ils déclarent chercher à améliorer leur façon de travailler ou encore s’intéressent aux opportunités de mobilité interne dans leur entreprise. Preuve qu’ils s’y voient évoluer ! Le Baromètre Absentéisme 2025 montre cependant une corrélation entre absentéisme et cadre de travail dégradé. Qu’en est-il ? On peut lire dans les résultats de nos études un besoin de renouvellement du cadre, plus en phase avec leurs aspirations. De manière plus marquée que chez l’ensemble des salariés, les moins de 30 ans réclament de la flexibilité et de la souplesse dans les horaires de travail, de la reconnaissance de la part de leur hiérarchie, une organisation différente de la charge de travail ou encore une amélioration des conditions de travail. Finalement, ils ont parfaitement intégré que les entreprises occupent une place essentielle dans l’équilibre de vie de chaque salarié. Comment les entreprises peuvent-elles agir concrètement ? Plus d’un dirigeant sur deux considère que l’absentéisme dans son entreprise est un sujet préoccupant et surtout amené à le rester. La difficulté pour une entreprise est notamment la diversité des situations à laquelle elle fait face en la matière. Comprendre cette diversité, c’est avoir des clés pour mettre en place des réponses adaptées. C’est pour cela que nous avons développé des outils pour accompagner les entreprises, toutes tailles et tous secteurs confondus, dans cette analyse. Rappelons que si les entreprises ont à leur disposition de nombreux leviers pour travailler le cadre de travail, elles n’ont pas le pouvoir de résoudre tous les maux. Sur le même thème Prévenir l’absentéisme, des entreprises s’engagent Lire la suite Interview : Comment agir sur l'absentéisme ? Lire la suite Baromètre Absentéisme 2024 : Les TPE et PME plus que jamais concernées Lire la suite