Interview : Comment agir sur l'absentéisme ?

Longtemps épargnées, les petites entreprises voient leur absentéisme rejoindre le niveau des plus grandes. Comment peuvent-elles agir ?

42 % des salariés se sont arrêtés au moins une fois en 2023. Si l’absentéisme reste ainsi à un niveau élevé, il marque un fort recul dans toutes les entreprises sauf les TPE. Ces dernières années, TPE et PME voient en effet leur niveau d’absentéisme croître de manière continue : + 10 points entre 2021 et 2023 dans les entreprises de moins de 10 salariés et + 13 points dans celles de 10 à 49 salariés. Au-delà des pistes d’explication présentes dans notre baromètre 2024, Marie-Anne Cousin Renié, Directrice du programme Prévenir et gérer l’absentéisme, nous explique comment les petites entreprises peuvent agir.

Derrière le terme absentéisme se cache une variété de situations. Sur quel type d’absentéisme est-il possible d’agir ?

Marie-Anne Cousin Renié : Il n’y a pas un absentéisme mais des absentéismes qui n’ont pas le même impact sur l’organisation ou la performance de l’entreprise. Un salarié qui s’absente deux jours sans prévenir et à plusieurs reprises va faire peser son absence sur l’organisation. Son travail va être redistribué sur ses collègues. L’ambiance au sein de l’équipe peut s’en trouver entachée. À contrario une période d’absence longue sera parfois plus facile à gérer dès lors qu’elle sera anticipée. On sait cependant que toutes les entreprises, notamment les plus petites, n’ont pas la possibilité d’avoir recours à un remplacement.

On ne peut agir sur tous les types d’absence. Difficile par exemple de réduire les absences dues aux maladies ordinaires, même s’il est possible de sensibiliser les salariés à certaines règles de prévention. En ce qui concerne les fragilités, dès lors que l’entreprise les connaît, elle peut adapter son organisation pour libérer le salarié à certains moments et lui permettre de gérer sans stress ses impératifs personnels. Sur ces sujets, le dialogue et la confiance sont importants. Pour la prévention des arrêts longs existe une multitude de leviers : amélioration des conditions de travail, ergonomie des postes, aménagement des horaires, anticipation des parcours professionnels pour éviter l’usure et maintenir l’employabilité des salariés, formation pour éviter les accidents… Se former à la prévention des risques psychosociaux et à leurs signes avant-coureurs fait également partie des outils.

Les dispositifs qui permettent de maintenir le lien pendant l’arrêt et préparer un retour anticipé et durable sont encore trop peu utilisés par les entreprises. Je parle de l’entretien de liaison qui doit être proposé au salarié dès 30 jours d’absence, de la visite de pré-reprise, du temps partiel thérapeutique ou de l’essai encadré.

Les petites entreprises ont tendance à penser que la prévention est réservée aux plus grandes. Comment peuvent-elles agir ?

M-A Cousin Renié : Dès leur premier salarié, les entreprises ont une obligation de santé et de sécurité vis-à-vis de leur personnel. Elles doivent évaluer les risques professionnels et les consigner dans un document unique, ce qui est une bonne chose car prévenir c’est d’abord éviter qu’un risque ne se produise.

Mais au-delà de leurs obligations, les TPE et petites PME ont des atouts que les grandes n’ont pas : le dirigeant est souvent très proche de ses salariés, il travaille à leur côté. Il lui est plus facile de les écouter, d’observer un dysfonctionnement, de percevoir une ambiance qui se détériore ou un comportement inhabituel. Il est également plus facile de maintenir l’engagement dans une petite entreprise, en donnant du sens, en valorisant le rôle et le travail de chacun et en faisant preuve de reconnaissance. Elles l’ignorent souvent, mais les TPE peuvent compter sur l’aide du service de prévention et de santé au travail dont elles dépendent pour les accompagner dans une prévention adaptée à leur activité ; elles peuvent aussi se tourner vers leur Carsat, et parfois bénéficier d’une aide financière pour améliorer l’ergonomie d’un poste de travail.

Comment Malakoff Humanis accompagne ses clients ?

M-A Cousin Renié : Une équipe de 100 consultants, experts dans l’accompagnement des entreprises travaille chaque jour au service de la prévention et l’accompagnement social de nos clients. Ils aident les entreprises à analyser leur situation face à l’absentéisme, et aux fragilités des salariés ; ils construisent avec elles des plans d’actions, avec des indicateurs pour évaluer les résultats.

Nos plateformes proposent également des outils d’autodiagnostic facilement accessibles qui permettent aux petites entreprises de faire leurs premiers pas en prévention et de se mettre en conformité avec leurs obligations légales et sociales (autodiagnostic santé sécurité).