15543 15543 15543 15543 Décryptage : comprendre et accompagner les fragilités au travail Longtemps pensées comme des problématiques individuelles, les situations de fragilité s’imposent aujourd’hui comme une réalité collective qui concerne une majorité de salariés. Pourtant, le terme de “fragilité” reste encore tabou dans un univers où la performance et la résilience sont valorisées, conduisant nombre de collaborateurs à taire leurs difficultés. Cette édition 2025 du Baromètre Fragilités met en lumière l’ampleur et la diversité des situations vécues et rappelle qu’elles ne sont pas des cas isolés mais un phénomène impactant durablement la vie de l’entreprise. Mis à jour le 15.10.2025 Email Twitter LinkedIn Facebook Anne-Sophie Godon-Rensonnet est Directrice des services et du département études et recherches sur la performance sociale des entreprises chez Malakoff Humanis. Elle construit et déploie une stratégie de services répondant aux enjeux des clients du Groupe – entreprises, salariés et branches professionnelles – Elle est par ailleurs professeure associée au Cnam. Que nous disent les résultats de ce baromètre sur l’ampleur et la nature des situations de fragilité qui touchent aujourd’hui les salariés ? Ce baromètre montre que les fragilités font désormais partie du quotidien d’une majorité de salariés. Sur le plan des fragilités personnelles, près de 6 salariés sur 10 sont concernés, soit une hausse de 17 points depuis 2020. Les cinq dernières années ont vu s’accroître tout particulièrement les troubles liés à des souffrances psychologiques (+13 points, cités par 21 % des personnes interrogées), les situations d’isolement social ou d’addiction (+10 points chacune), les difficultés financières, à accéder à un logement ou à s’insérer socialement (+9 points chacune), et enfin les situations de monoparentalité (+8 points). Les fragilités concernent aussi le plan professionnel où elles sont, dans une moindre mesure, en hausse sur la période (+12 points depuis 2020). Parmi les situations les plus répandues : le sentiment d’usure professionnelle (23 %), la perte de sens au travail (19 %) ou encore les difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle (16 %). Ces résultats montrent que, loin d’être marginales, les fragilités sont désormais une réalité de taille et dont on peut prévoir qu’elle continuera de prendre de l’ampleur. Femmes, jeunes, salariés franciliens... Pourquoi certains profils sont-ils plus confrontés aux fragilités ? Cette surexposition s’explique d’abord par des facteurs structurels. Les femmes font face à des inégalités professionnelles et à la charge mentale, cumulant responsabilités familiales et contraintes organisationnelles. Les jeunes actifs de moins de 25 ans, souvent en début de carrière, sont davantage touchés par la précarité de l’emploi, les faibles rémunérations ou l’absence de perspectives, autant de facteurs qui fragilisent leur santé mentale et leur engagement au travail. Les salariés franciliens, quant à eux, subissent plus fortement le coût de la vie, les temps de transport et la pression professionnelle. Quel que soit le profil concerné, il convient de noter que c’est un cumul de facteurs aussi divers que l’âge, la catégorie socio-professionnelle, le niveau d’études ou encore le genre qui participent à la création d’un terreau propice aux fragilités. Il n’y a cependant pas de profil type en matière de fragilité, car chaque salarié peut un jour être confronté à une difficulté qui peut en entraîner d’autres. C’est par exemple le cas des salariés aidants qui peuvent ainsi voir leur santé mentale être affectée par le difficile maintien d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. L’étude met en évidence que salariés et dirigeants s’accordent pour reconnaître l’impact des fragilités sur la vie de l’entreprise. Qu’en est-il ? 64 % des salariés concernés affirment que la situation de fragilité vécue affecte leur vie professionnelle. C’est 70 % chez les salariés de moins de 40 ans. Parmi les impacts les plus fréquemment cités se trouvent la dégradation de la qualité de vie au travail, la baisse de la confiance en soi, le repli sur soi ou encore la réduction de l’engagement. Ce dernier constat est partagé par les dirigeants interrogés qui estiment que les fragilités ont des conséquences directes sur l’engagement des salariés (52 %), la performance de l’entreprise (43 %), le climat et la cohésion sociale (41 %) et l’absentéisme (38 %). Les dirigeants se disent d’ailleurs préoccupés par les fragilités de leurs salariés, mais ils ne disposent pas toujours des grilles de lecture pour correctement les identifier et ainsi les accompagner. En matière de fragilités personnelles, les entreprises s’estiment de moins en moins légitimes. Comment cela s’explique-t-il ? Si les entreprises sont bien conscientes des enjeux liés aux situations de fragilités, elles n’ont pas toujours les moyens d’agir. En matière de fragilités personnelles, 68 % des dirigeants s’estiment légitimes pour accompagner les salariés. Ce résultat est en légère baisse depuis 2023 (-4 points), mais il reste à un niveau élevé. Les dirigeants ont à cœur d’accompagner les salariés. Ils sont de moins en moins nombreux à trouver que l’accompagnement des fragilités est générateur de contraintes pour l’organisation du travail (-8 points depuis 2023). Les entreprises agissent avant tout sur des leviers qui relèvent de leur champ de compétences. Parmi les pistes d’actions les plus fréquentes se trouvent l’aménagement du temps ou des conditions de travail pour les salariés en situation de fragilité, des congés spécifiques pour faire face à certaines situations, des actions de prévention des risques professionnels, des accidents du travail, de la pénibilité ou des risques psycho-sociaux et enfin des actions en faveur de la santé individuelle de leurs salariés. Comment renforcer l’accompagnement en entreprise ? Face à la diversité des situations de fragilité et à leur imbrication, les entreprises peuvent se retrouver démunies. Aujourd’hui, 67 % des dirigeants souhaitent un accompagnement accru sur les fragilités personnelles et 55 % sur les fragilités professionnelles. Cela s’explique d’autant mieux que pour une entreprise se pose la question de la juste posture : comment accompagner sans être intrusive ? Pour que cet accompagnement soit efficace et profitable, toutes les strates doivent être impliquées. Managers, ressources humaines, pairs et partenaires externes sont autant de relais indispensables pour analyser les situations de fragilité en jeu dans une entreprise et proposer des réponses adaptées. Malakoff Humanis s’engage depuis plusieurs années auprès des entreprises et de leurs salariés pour leur permettre de faire face à ces situations qui bouleversent leur quotidien et leur organisation. * Une étude de perception menée par Harris Interactive pour Malakoff Humanis du 17 avril au 7 mai 2025, auprès de 452 dirigeants d’entreprise d’au moins 1 salariés et de 2066 salariés travaillant dans des entreprises de même taille. Sur le même thème Aider et s’entraider, le podcast qui donne la parole aux aidants Ecouter le podcast Monoparentalité : les salariées femmes plus exposées à la précarité Mutuelle entrepriseVulnérabilités des salariésQualité de vie au travail Libérer le potentiel des femmes aidantes
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