Bonus-malus sur les cotisations chômage : la règlementation de la réduction générale actualisée 

En tant qu’expert-comptable, vous avez certainement dans votre portefeuille des clients qui relèvent de l’un des sept secteurs d’activité qui ont le plus recours au contrats courts, et qui sont de ce fait soumis au désormais bien connu « bonus-malus », dont l’objectif est de lutter contre la précarité de l’emploi.

Afin de ne pas neutraliser l’effet incitatif de ce dispositif, qui permet de moduler la cotisation d’assurance chômage de ces entreprises, la règlementation de la réduction générale des cotisations patronales a été toilettée. Nous faisons le point dans cet article !

Quels sont vos clients concernés par le bonus-malus ?

Vos entreprises clientes qui comptent 11 salariés ou plus et qui relèvent de ces sept secteurs d’activité sont concernées par le « bonus-malus » :

  • Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac ;
  • Production et distribution d’eau, assainissement, gestion des déchets et dépollution ;
  • Autres activités spécialisées, scientifiques et techniques ;
  • Hébergement et restauration ;
  • Transports et entreposage ;
  • Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique ainsi que d’autres produits minéraux non métalliques ;
  • Travail du bois, industries du papier et imprimerie.

Articulation du bonus-malus… 

Dans ces secteurs, la cotisation d’assurance chômage – initialement fixée à 4,05 % – est modulée en fonction du taux de séparation de l’entreprise, qui correspond au nombre de fins de contrats de travail ou de missions d’intérim assorties d’une inscription à Pôle emploi, divisée par son effectif :

  • Si le taux de séparation de votre client est supérieur au taux médian de son secteur, sa cotisation pourra être augmentée à un taux de 5,05 % maximum ;
  • À l’inverse, vos clients « bons élèves » sont récompensés via la baisse de leur taux (minimum 3 %).

Le saviez-vous ?

Un décret de juillet 2023 a imposé aux URSSAF et aux caisses de la MSA de mettre à destination des entreprises un téléservice destiné au dépôt et aux traitement des demandes de communication relatives au bonus-malus. Il a été mis en ligne le 1er octobre 2023, et vous y avez accès en tant que tiers-déclarant !

…avec la réduction générale de cotisations patronales

En parallèle du bonus-malus, vos clients bénéficient d’une réduction générale des cotisations patronales (RGCP) applicable sur les rémunérations inférieures ou égales à 1,6 SMIC. La formule de calcul du coefficient de la RGCP est égale à :

C = (T/0,6) x (1,6 x SMIC annuel / salaire annuel brut – 1)

La valeur « T » correspond à la somme des cotisations et contributions patronales pouvant être exonérées dans le champ de la réduction générale. Elle représente ainsi le montant maximal du coefficient de la réduction des cotisations.

Or, un problème se posait pour les entreprises soumises à la modulation du taux de la cotisation d’assurance chômage : si le taux modulé avait été pris en compte dans la formule de calcul de la RGCP, l’effet incitatif du bonus-malus aurait pu être neutralisé pour les entreprises présentant un taux de séparation médian inférieur à celui de leur secteur.

Pour éviter cela, la loi n°2020-1577 du 14 décembre 2020 avait acté que la réduction générale se calculerait en tenant compte des cotisations chômage pour leur taux de droit commun, soit 4,05 %.

Une mise en cohérence tardive

Plus d’un an et demi après la publication de la loi du 14 décembre 2020, un décret du 21 août 2023 est venu mettre en cohérence la partie règlementaire du code de la Sécurité sociale avec cette dernière :

  • Il modifie la définition du fameux paramètre T de la formule : elle se réfère désormais au taux de contribution patronale d’assurance chômage de droit commun. Cette modification ne changera rien dans la pratique, les gestionnaires de paye appliquant déjà le bon paramétrage depuis l’entrée en vigueur du bonus-malus ;
  • Pour les entreprises « bonnes élèves » pour lesquelles s’applique un taux de cotisation inférieur à celui de droit commun, le montant maximal de la RGCP est aménagé : ce dernier pourra être supérieur aux cotisations éligibles à la réduction, dans la limite des cotisations et contributions patronales dues au titre du salarié ;
  • Toujours pour éviter que l’effet incitatif du bonus-malus ne soit neutralisé, l’exonération « public fragile » (qui s’applique à vos clients employant des aides à domicile) est concernée par ces changements. Car pour rappel, cette exonération spécifique est calculée en suivant les règles de la RGCP.
  • Ces modifications s’appliquent aux cotisations et contributions sur les rémunérations dues au titre des périodes courant à compter du 1er septembre 2022.

Le saviez-vous ?

Le BOSS a, dans son onglet « Allègements et exonérations », illustré cette nouveauté par un exemple. N’hésitez pas à aller le consulter.

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